[Jean-Louis Martinelli, nouveau directeur du Théâtre de...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0901 FIGRPTP2424 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
description Adresse de prise de vue : Théâtre de Lyon, 7, rue des Aqueducs, Lyon 5e.
historique Nouvelle donne sur la scène lyonnaise. Jean-Louis Marlinelli remplace François Bourgeat et frappe ses trois coups. Un nouveau nom tout d'abord : "Théâtre de Lyon" chasse "Théâtre de l'Ouest lyonnais". Un nouveau logo, ensuite. Enfin, de grands travaux en perspective. Quant a sa programmation, il en reste pour l'instant aux déclarations d'intention. Reste également à savoir si le nouveau - maître des lieux sera plus présent que son prédécesseur.
historique Le TOL est mort, vive le Théâtre de Lyon ! Voilà ce que l'on pourrait clamer s'il fallait réduire la succession à une exclamation aussi creuse que lapidaire. N'empêche, il ne faudrait pas la modifier de beaucoup pour qu'elle reflète le point de vue de Jean-Louis Martinelli, nouveau maître des lieux. En effet, pas question pour lui de vivre sur les acquis, ou les chaos, d'un passé nommé François Bourgeat. "Je ne vis pas ces murs en terme d'opposition, ni de compétition", nous confie-t-il-. L'essentiel, comme on dit, est donc devant lui, et ne se dévoilera véritablement que le 8 septembre, jour de la (ré)ouverture officielle du lieu. A cette date là d'ailleurs, le TOL n'existera plus. Décédé pour ressusciter sous un autre sobriquet. Ceux qui avaient le privilège de savoir traduire TOL par Théâtre de l'Ouest Lyonnais perdront, ainsi, cette longueur d'avance, puisqu'il se nommera, tout simplement et tout bêtement, Théâtre de Lyon. Une façon élégante de signer la naissance d'un "nouveau" théâtre et de condamner tout passage vers "l'ancien" ? Sans doute. Mais, il s'agit aussi, assure Jean-Louis Martinelli, "de sortir le théâtre de cet isolement géographique dont on l'avait stupidement affublé. L'Ouest lyonnais, après tout, n'est qu'à dix minutes de la Place Bellecour, donc bien plus proche du centre que le TNP. A moins, bien sûr, que grimper jusqu'au Point du Jour soit un exploit réservé à quelques amateurs de spectacles". Cette côte, il l'affronte pourtant, bien que son nom n'ait pas de résonances spécifiquement lyonnaises, théâtralement parlant : la compagnie du Réfectoire, qui est sienne, effectue sans cesse les déplacements exigées par ses co-productions, et n'a, ainsi, pu fixer son image dans l'esprit du lyonnais. Un manque qui ne pouvait être. comblé que par un vrai port d'attache et de création au sein de la ville. C'est désormais chose faite, avec en prime "l'opportunité d'exploiter au plus large les possibilités de tournées offertes par nos anciennes coproductions". Est-ce cet argument qui décidera finalement les élus à opter pour le Réfectoire ? Toujours est-il que, dès début juillet 1987, la compagnie sort de ses modestes locaux de la rue Alsace-Lorraine, récolte les crédits débloqués dans le cadre de l'encouragement aux sociétés culturelles (soit 200.000 francs), et les investit dans le montage financier de la saison 1987-88 du TOL qui décroche, au passage, le sacro-saint label de Centre Dramatique National. Dans la foulée, ses douze "permanents" (direction artistique, administration, relations publiques...) s'installent à cet Ouest désormais rebaptisé et recentré. Quant aux membres de l'ancienne équipe, ils persistent ou ont signé leur départ. Pas de problème en ce qui concerne le personnel municipal : le Théâtre, qu'il soit TOL ou Théâtre de Lyon, appartenant à la ville, leur fonction est maintenu. En revanche, il ne sera gardé qu'une partie des "bras droits" de François Bourgeat. "Un sur trois" pour être précis (ou "une" sur trois ?). Et néanmoins vague. Aussitôt installé, aussitôt en ébullition. Profitant d'un budget "alloué et non utilisé par la saison précédente", Martinelli en profite pour procéder à un dépoussiérage en règle. Et tout d'abord, par transformer le hall d'accueil en espace digne de ce nom, c'est-à-dire apte à recevoir les trois cent soixante spectateurs potentiels de ce "théâtre moyen". Ensuite, par rectifier les dimensions de la scène, puis, par installer un bar où les visiteurs ne dégusteront pas que de la culture (les Célestins, le Huitième et le TNP possèdent déjà leur buvette). Le tout, symbolisé par un nouveau logo qui, s'il décline respectueusement les trois lettres du TOL, escamote habilement le o central en faisant apparaître le nom de Jean-Louis Martinelli. Prenant le narcissisme à contrepied, il justifiera cette manoeuvre de la manière suivante : "C'est une signature, et non pas l'emblème qui précède l'installation d'un nouveau maître". De même, il enverra soigneusement au diable toute allusion à la construction d'un "look" quelconque. Il préfère donner à voir sur scène que bien se faire voir. La joliesse de l'intérieur ? Le confort ? "Tout cela ne répond aucunement à la volonté de détruire une image, ou d'en construire une nouvelle. Que celle-ci fut brillante ou décevante avec Bourgeat m'importe peu, car mon travail porte sur l'objet en non sur l'image telle qu'elle apparaît dans le langage vulgaire et méprisant du publiciste". "Soyons clairs : nous ne vendons pas de lessive, donc faire mieux ou moins bien que mon prédécesseur a une signification nulle. Fait-on réduire l'avancée de la scène ? Réorganise-t-on l'espace de vie ? Et alors ? Ce n'est pas pour satisfaire la représentation mentale que les gens se feront du Théâtre de Lyon. C'est pour que le public soit dans les meilleures conditions pour juger, et apprécier, les spectacles que nous y fabriquerons, car un théâtre vide est un lieu mort. Seul, ce rapport basé sur une relation de création et d'appréciation, peut établir un échange durable avec le spectateur. Pour le reste, ce n'est pas le club de boulistes installé dans notre sous-sol, qui ternira notre image : Le TNP a bien une piscine sous ses planches, et cela ne l'a jamais empêché de faire le plein". "Enfin, il faut savoir que, si Lyon fut autrefois florissante du point de vue culturel, elle est aujourd'hui dans la situation de parc naturel, avec réserves et zones à sauvegarder. Dans les domaines culturels menacés, le théâtre semble encore le divertissement le plus à même d'affirmer la spécificité de l'individu, le mieux placé pour le distraire sans le prendre pour un consommateur de yaourts. C'est pourquoi, le théâtre doit faire des efforts en sa direction, pour le séduire (et non uniquement au sens commercial de cette séduction), puis le fidéliser, quitte à prendre des risques sur le look ou la programmation". "C'est à quoi notre saison 87-88 s'emploiera. Sans en dévoiler le contenu, sachez qu'elle comporte quelques pièces dites difficiles, mais toujours servies par des comédiens de premier plan. En tout cas, une chose est sûre : nous ne nous abaisserons jamais à faire des grosses machines à sous, ou à employer des stars à tout prix, et pour n'importe quoi. Sinon, il ne nous resterait plus qu'à faire 'le Dialogue des Carmélites' avec Sabatier ou Mourousi, et nous assurerons le plein tous les soirs". Espérons que Martinelli n'ait jamais à recourir à de telles distributions de choc. Source : "Le TOL change de tête" / David Tran in Lyon Figaro, 31 août 1987, p.34-35.
historique Le Théâtre de Lyon est remplacé en 1994 par le Théâtre du Point du jour.
note à l'exemplaire Inscription(s) manuscrite(s) au verso : "A.G.I.".

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